Nicotine : la mauvaise réputation

22/09/2020
nicotine mauvaise réputation

Un faux coupable

En raison de sa présence dans le tabac, les effets de la nicotine sont souvent confondus avec les effets et les dangers du tabagisme. Mais la vérité est que la nicotine en soi, à dose raisonnable, est une substance largement bénigne et même parfois bénéfique. De nouvelles études sur la nicotine débouchent sur des applications passionnantes pour cette substance souvent mal vue.

S’il n’était pas livré de la façon la plus malsaine possible – dans la fumée produite par la combustion de matières végétales mortes – on peut se demander si quelqu’un accorderait beaucoup d’attention à un stimulant aussi léger. Mais parce que la façon la plus populaire de la consommer est la cigarette, la nicotine sera à jamais liée aux dommages que la cigarette cause. Beaucoup ignorent que la nicotine est une drogue généralement inoffensive, et lui attribue la responsabilité des millions de décès prématurés causés chaque année par la cigarette.

La nicotine a en fait peu à voir avec les cancers et les dommages respiratoires observés chez les fumeurs, et il est peu probable que la nicotine à elle seule contribue aux maladies cardiaques, bien qu’un effet secondaire connu soit une constriction temporaire des vaisseaux sanguins. Le fait est que ce sont les milliers de produits chimiques produits par le consommation de tabac qui sont les coupables ici, et non la modeste substance à la mauvaise réputation qu’est la nicotine.

D’où vient la nicotine ?

La nicotine est un alcaloïde que l’on trouve dans de nombreuses plantes de la famille des morelles, dont font partie le tabac, les aubergines, les tomates, les pommes de terre et bien d’autres. Cependant, seule la nicotine est suffisamment concentrée dans le tabac pour avoir un effet reconnaissable pour l’utilisateur. Il est probablement impossible d’ingérer suffisamment de tomates ou d’aubergines pour ressentir les effets de la nicotine.

La nicotine au naturel

Comme il y a plus de nicotine dans le tabac que dans toute autre plante, le tabac est la seule source (jusqu’ici du moins) de nicotine extraite commercialement. Lorsque nous parlons de vapotage de nicotine nous parlons presque exclusivement d’un produit fabriqué à partir de Nicotiana rustica. Le Rustica produit une quantité particulièrement riche de nicotine, et c’est ce qui est cultivé (surtout) en Chine et en Inde, et extrait pour les produits pharmaceutiques et la fabrication de e-liquide. Le Nicotiana tabacum a apparemment meilleur goût à fumer et à mâcher, mais produit beaucoup moins de nicotine pour l’extraction. La plupart des variétés de tabac américain utilisées pour la cigarette et le tabac à pipe sont des variétés de tabac de l’espèce tabacum. Il existe d’autres espèces naturelles de tabac, mais elles sont rarement cultivées à des fins commerciales.

La nicotine synthétique

Il existe maintenant de la nicotine synthétique qui, de l’avis de certains, pourrait permettre aux fabricants d’éviter les règlements associants les produits de la vape à ceux du tabac. Cela n’est toutefois pas clair. Toujours est il que cette nicotine est produite en laboratoire en copiant l’alcaloïde naturel et surtout en le purifiant, on la nomme généralement « nicotine base ».

Il existe également depuis peu, les sels de nicotine, que l’on trouve dans certains eliquide et qui permettent de vaper un liquide bien dosé en nicotine sans pour autant ressentir les mêmes irritations de la gorge. Les sels de nicotine sont également obtenus en laboratoire mais sont en fait plus proche de la nicotien telle que l’on peut la trouver au naturel. Les sels sont obtenus en acidifiant la nicotine base, ce qui a pour action de faire ressortir les « sels ».

Quels sont les effets de la nicotine sur les utilisateurs ?

La nicotine se comporte à la fois comme un stimulant et un relaxant. Selon la Therapeutics Initiative, « la nicotine est un produit chimique puissant qui offre aux fumeurs plaisir et récompense, concentre l’attention, supprime la faim, calme le stress, et améliore l’humeur « .

Mais toute la nicotine n’est pas égale. Les effets de la nicotine dépendent grandement du mode d’administration. Il en va de même pour son potentiel de dépendance. L’inhalation de la fumée d’une cigarette procure une dose rapide de nicotine dans le cerveau en seulement sept secondes. Le tabagisme fournit également les niveaux maximaux de nicotine dans le sang. La plupart des fumeurs maintiennent un intervalle prévisible de nicotine dans le système et le complètent au besoin.

Les utilisateurs de nicotine s’auto-dosent. C’est-à-dire qu’ils savent, d’après les effets qu’ils ressentent, s’ils consomment trop ou trop peu de nicotine. Il est facile de savoir quand vous ressentez trop d’effets secondaires, comme pour la caféine. Des battements cardiaques rapides, des maux de tête et des nausées peuvent survenir si vous en prenez trop, et l’utilisateur de nicotine ralentit ou s’arrête tout simplement jusqu’à ce que le niveau redevienne confortable.

Les surdosages

Il y a peu de risque de surdosage de nicotine par les mécanismes d’administration habituels. Aucun fumeur ou vapoteur ne continuerait à consommer de la nicotine après avoir eu des maux de tête ou des nausées. Cependant, il est possible de faire une surdose de nicotine en buvant une solution concentrée. La dose létale de 60 mg, souvent citée, provient d’expériences douteuses du XIXe siècle et a été largement démystifiée dans la littérature récente. Le professeur Bernd Mayer estime que la dose minimale létale de 500 mg est plus probable chez l’homme adulte.

Cela dit, une dose beaucoup plus faible pourrait entraîner des résultats dangereux pour un enfant.
En 2014, un enfant de l’État de New York a été tué en buvant une bouteille de booster de nicotine (probablement 100 mg/mL, il faut savoir qu’aux USA, la teneur en nicotine n’est pas encadrée de la même manière qu’en Europe – La TPD – en Europe – limite la teneur à 20mg/ml maximum). Le plus grand danger du vapotage est de laisser des bouteilles ouvertes de nicotine à haute concentration à la portée des enfants.


Il y a eu plusieurs études sur les effets de la nicotine sur la santé cognitive, et d’autres sont en cours. En plus de la maladie de Parkinson et d’Alzheimer, les chercheurs testent la nicotine sur des patients atteints de schizophrénie. Les effets secondaires de la nicotine peuvent s’avérer utiles dans le traitement d’un large éventail de problèmes cognitifs. Elle n’est donc pas l’ennemie que l’on croit.